Pour lutter contre la précarité menstruelle, une collecte de produits hygiéniques est mise en place à l’infirmerie du lycée Montdory à Thiers.
Alors que le gouvernement veut expérimenter la gratuité des protections hygiéniques dans les lieux collectifs, le lycée Montdory organisait, pendant tout le mois de mai, une collecte de tampons et serviettes pour lutter contre la précarité menstruelle. Ce mardi 28 mai était la journée mondiale de l’hygiène menstruelle.
La précarité menstruelle, c’est quoi ?
« C’est l’impossibilité financière d’accéder à des protections hygiéniques pendant la période menstruelle. C’est une injustice sociale et une atteinte à la dignité. Il y a deux ans, nous nous sommes rendu compte qu’une jeune fille en situation de précarité extrême utilisait du journal ou du papier pendant ses règles. Cela est dangereux pour la santé des femmes mais aussi pour leur avenir car cela provoque de l’absentéisme. » Cécile Isoard (Infirmière du lycée Montdory)
Cette situation a déclenché une vraie mobilisation au sein de l’établissement en 2019. Sous l’impulsion de Marine Dumond, infirmière au lycée Germaine-Thillion, Cécile Isoard et Céline Chalmin, infirmières du collège Audembron ont organisé une collecte de produits hygiéniques pour l’association Règles élémentaires. « Quand quelqu’un est dans une situation précaire, on pense souvent à la nourriture, aux vêtements mais pas aux produits d’hygiène », souligne Cécile Isoard.
Un sujet tabou
Les élèves et leurs parents se sont largement mobilisés avec près de mille protections récoltées.« On veut tout spécialement féliciter deux jeunes hommes qui ont participé », souligne Céline Chalmin. Les dons seront envoyés à l’association Règles élémentaires, qui collecte des produits d’hygiène intime à destination des femmes sans-abri et mal-logées.
Si la plupart des élèves ont le réflexe de venir à l’infirmerie en cas d’imprévu ou de panne, ce n’est pas le cas de tout le monde.
« C’est un sujet très tabou, elles viennent nous voir mal à l’aise sans oser prononcer le mot règles ou serviette et on comprend ce qu’elles veulent. Il n’y a pas une seule journée où ne vient pas nous réclamer de protection et on en donne toujours en s’assurant qu’elles savent comment s’y prendre. Si les mecs avaient leurs règles, on n’en serait pas là. »
« Si tout le monde le sait, on se tape la honte »
« C’est toujours un peu gênant d’aller voir l’infirmière mais au moins, on sait qu’elle ne répètera rien alors que si on demande à des copines, quelqu’un peut entendre. Et si tout le monde le sait, on se tape la honte », raconte une collégienne d’Audembron de 13 ans.
« Je trouve ça trop cher alors que c’est un phénomène qu’on ne peut pas contrôler. Mes parents m’achètent ce qu’il faut mais quand je serai étudiante, ce sera plus compliqué de mettre de l’argent là-dedans », soutient Ivanie, 15 ans, élève au lycée Montdory.
Libérer la parole
Les infirmières animent le compte Instagram « infirmerie Montdory » pour informer sans tabou les élèves, libérer la parole et leur permettre de poser des questions en privé.
Julia Castaing
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